Spectacle/ Danse/ Théâtre

EEEXEEECUUUUTIOOOOONS !!! est une commande du Centre Chorégraphique National - Ballet de Lorraine à Nancy, jouée pour la première fois le 24 novembre 2012. La pièce rassemble dix-neuf danseurs pour quarante-cinq minutes de danse répétitive, énergétique et carrément masochiste, tout en riant à gorge déployée. Regarder ce travail consiste en un véritable défi, tout en étant une oeuvre exaltante et parfois très drôle.

EEEXEEECUUUTIOOOONS !!! commence par montrer les personnages de la pièce (diversement vêtus de vêtements de sport noirs, de tenues d’ouvriers et d’attributs désignant des uniformes sado-masochistes) recouvrant le sol de la scène avec des feuilles de carton blanches. Ils s’adonnent ensuite à une réitération renouvelée quarante fois d’une séquence de mouvements personnels, réalisant finalement un total de huit cent quarante répétitions – ou alors peut-être de « vexations », terme peut-être plus adéquat, puisque le fameux exercice de piano « durationnel » d’Erik Satie Vexations, de 1893, fait partie des points de référence de La Ribot.

Les séquences individuelles des danseurs sont préalablement chorégraphiées, mais leur relation aux autres reste ouverte, proposant ainsi de nouvelles solutions à une énigme spatiale complexe à chaque nouvelle performance. Seules deux de ces séquences ont lieu dans un espace déterminé et servent ainsi à ancrer l’activité maniaque et continue qui tournoie autour d’elles. En haut à droite de la scène, un danseur harnaché se hisse sur une corde et se livre à d’énergiques et maladroites acrobaties aériennes. En bas à droite, un danseur et une danseuse travaillent tour à tour, face au public, et rampent à quatre pattes, se consacrant à un numéro hyperactif et peu digne, bougeant leurs genoux et jouant des hanches en avant et en arrière, faisant une parodie à deux têtes d’aérobique et de sexe « en levrette ». Travaillant également en alternance, les danseurs peignent au rouleau trempé d’émulsion de peinture blanche les murs du décor déjà blancs : un exercice de travail futile évoquant le motif d’avant-garde sans cesse exploré du monochrome.

Les rires de EEEXEEECUUUTIOOOONS !!! entraînent une contradiction perverse : comment ces exercices physiques tortueux peuvent-ils apparemment inspirer un plaisir aussi irrépressible ? Mélangeant l’imagerie de la danse, l’exercice physique et sexuel au travail, la production à la répétition, la pièce renforce une longue tradition associant le rationalisme moderniste et la production capitaliste à la violence sadienne. Le chevauchement de la production, de la sexualité et du machinique est aussi largement représenté dans le vocabulaire de la danse du vingtième siècle ; rôdant dans l’ombre entourant EEEXEEECUUUTIOOOONS !!! nous pourrions saisir un bref aperçu des motifs de la répétition mécanique et l’auto-destruction du Sacre du printemps : la danse en tant que sacrifice humain.

Show/ Dance/ Theater

EEEXEEECUUUUTIOOOOONS !!! was commissioned by the Centre Chorégraphique National - Ballet de Lorraine in Nancy, France, and premiered on November 24th 2012. It involves nineteen dancers in nearly forty-five minutes of repetitive, energetic and more-than-faintly masochistic dance, and as they perform they laugh out loud. It’s a challenging work to watch, yet it’s also strangely exhilarating and at times very funny.

EEEXEEECUUUUTIOOOOONS !!! begins with the cast (variously clad in black sports gear, service industry clothing and items hinting at sado-masochist uniforms) covering the stage floor in white cardboard sheets. They then perform some forty reiterations of individual movement sequences, eventually achieving a grand total of eight hundred and forty repetitions – or maybe “vexations” is the ideal term here, since Vexations, Erik Satie’s notorious 1893 exercise in “durational” piano-playing, is among La Ribot’s reference points.

The dancers’ individual sequences are choreographically determined in advance but their relationship to one another is open, so each performance is a new solution to a complex spatial riddle. Just two of the routines have an assigned space and they serve to anchor continuous, manic activity swirling around them. Upstage right, a male dancer in a harness hoists himself high on a rope and performs strenuous, ungainly aerial acrobatics. Downstage left, a male and a female dancer, working in turns, face the audience, crouch on all fours and fling themselves into a hyperactively undignified routine, waggling their knees and thrusting their pelvises back and forth in a double-headed parody of aerobics and “doggy-style” sex. Also working in shifts, the dancers roller the already-white walls of the set with white emulsion paint: an exercise in futile labour invoking that endlessly reinventable avant-garde trope, the monochrome painting.

The laughter in EEEXEEECUUUUTIOOOOONS !!! spawns a perverse contradiction: how can these tortuous exertions inspire such apparently inextinguishable pleasure? Mixing imagery of dance, physical exercise and sex with work, production and repetition, the piece augments a long critical tradition linking modernist rationalism and capitalist production with Sadeian violence. The overlapping of production, sexuality and the machinic is also widely present in the vocabulary of twentieth century dance and lurking in the shadows around EEEXEEECUUUUTIOOOOONS !!! we might just catch a fleeting glimpse of the Sacré du Printemps’ motifs of mechanical repetition and self-annihilation: dance as human sacrifice.

Espectáculo/ Danza/ Teatro

EEEXEEECUUUUTIOOOOONS!!! fue un encargo del Centre Chorégraphique National - Ballet de Lorraine de Nancy, Francia, y se estrenó el 24 de noviembre de 2012. Intervienen diecinueve bailarines en casi cuarenta y cinco minutos de danza repetitiva, enérgica y más que levemente masoquista, y mientras actúan ríen a carcajadas. Es una obra cuya visión supone un desafío, pero también extrañamente estimulante y en ocasiones muy divertida.

EEEXEEECUUUTIOOOONS !!! comienza con los intérpretes (vestidos con ropa deportiva o industrial de color negro y elementos que sugieren uniformes sadomasoquistas) cubriendo el suelo del escenario con láminas de cartón blanco. Luego realizan unas cuarenta reiteraciones de secuencias de movimientos individuales, hasta llegar a un total de ochocientas cuarenta repeticiones –o tal vez “vejaciones” sea el término más apropiado aquí, ya que Vexations, el célebre ejercicio de interpretación pianística “duracional” de Erik Satie de 1893 es uno de los puntos de referencia de La Ribot.

Las secuencias individuales de los bailarines están coreográficamente determinadas de antemano, pero su interrelación es abierta, de modo que cada actuación es una nueva solución a un complejo enigma espacial. Solamente dos de las rutinas tienen un espacio asignado y sirven para afianzar una actividad continua y frenética que gira a su alrededor. En la zona superior del escenario, a la derecha, un bailarín con un arnés asciende con una cuerda y realiza agotadoras y torpes acrobacias aéreas. En el escenario a la izquierda, un bailarín y una bailarina, actuando por turnos, frente al público, se ponen a cuatro patas y se lanzan a una rutina hiperactivamente indecorosa, agitando las rodillas y moviendo las pelvis adelante y atrás en una doble parodia del aerobics y del sexo “estilo perrito”. También por turnos, los bailarines pintan con rodillo las paredes ya blancas del decorado con pintura plástica blanca: un ejercicio de trabajo inútil que hace referencia a esa metáfora de la vanguardia que se reinventa hasta la saciedad, la pintura monocroma.

La risa en EEEXEEECUUUTIOOOONS !!! genera una perversa contradicción: ¿cómo pueden estos tortuosos esfuerzos inspirar semejante placer aparentemente inextinguible? Al mezclar las imágenes de danza, ejercicio físico y sexo con el trabajo, la producción y la repetición, la pieza agranda una antigua tradición crítica que vincula el racionalismo modernista y la producción capitalista con la violencia sadiana. La superposición de producción, sexualidad y maquinismo está también muy presente en el vocabulario de la danza del siglo XX, y al acecho en la sombra alrededor de EEEXEEECUUUTIOOOONS !!! podríamos fácilmente entrever una visión fugaz de los motivos de repetición mecánica y autoaniquilación de la Consagración de la primavera: la danza como sacrificio humano.

credits

Premiere November 24th 2012 at the Opéra National de Lorraine, Nancy, France. The new director of CCN Ballet de Lorraine, Peter Jacobsson, commissions La Ribot a new piece for the company. Duration: 45min. Written and Directed : La Ribot. Performers: Ballet de Lorraine. Dance Collaboration: Ruth Childs. Rehearsals: Christophe Baranger, Thomas Caley. Stage Design: La Ribot, Victor Roy. Music : Clive Jenkins. Costumes: La Ribot. Lighting Design : Eric Wurtz.

ressources

     

2014

   
Demidoff, A. Bonheur d'une execution Le Temps, Geneve, 2014
Wu, Y. Entre l’homme-anima et l’homme- automate Genève Active Magazine, Genève, 2014

2013

   
Philippe L., Boisseau R., Photographier la danse Nouvelles Éditions Scala, Paris, 2013

2012

   
Vernay, M. C. Ça bûche au Ballet Lorraine Libération, Paris, 2012

calendar

2015

     
21.02   EEEXEEECUUUUTIOOOOONS !!!   Festival Les Hivernales Avignon, France

2014

     
09.04   EEEXEEECUUUUTIOOOOONS !!!   Ballet de Lorraine ,  présenté par l'ADC au — BFM Bàtiment des Forces Motrices Geneva, Switzerland

2013

     
31.10   Reportage: La Ribot en pleine exécution   Emission Préliminaires — RTS Geneva, Switzerland
08.03-09.03   EEEXEEECUUUUTIOOOOONS !!!   Ballet de Lorraine — Dansens Hus Stockholm, Sweden
09.02   EEEXEEECUUUUTIOOOOONS !!!   Ballet de Lorraine / Swiss Dance. — Theater Basel Basel, Switzerland
04.02   EEEXEEECUUUUTIOOOOONS !!!   Ballet de Lorraine — CCN de Nancy Nancy, France

2012

     
24.11-30.11   EEEXEEECUUUUTIOOOOONS !!!   Ballet de Lorraine / Première — Opéra de Nancy Nancy, France